Coquillage - Porcelaine

« Nous, à l’école, on n’avait pas le droit de parler tahitien. Si on était pris à parler tahitien, on était frappé avec une baguette sur les doigts, en pointe … comme ça ! Et le maitre nous donnait le poreho (coquillage) que l’on devait garder toute la journée sur notre table comme preuve que l’on avait parlé le tahitien en classe jusqu’à ce qu’on en trouve un autre dans la classe qui parle tahitien alors on pouvait lui passer le coquillage. C’était comme ça à l’école. » 

Témoignage d’un papa au cours d’un café parent sur le thème des émotions à l’école.

Comment un enfant peut-il se construire lorsqu’un adulte référent et figure d’autorité utilise la violence et l’humiliation comme outil éducatif ?

Quelles conséquences sur notre confiance relationnelle lorsque l’on doit transmettre l’objet de honte pour être soulagé ?

Comment l’adulte se construit-il avec cette histoire ?

Cela laisse des traces : la colère, la haine, le dégout.

Les racines de la violence sont plantées.

Et aujourd’hui cet homme désireux de protéger ses enfants pourrait refuser de les mettre à l’école tant qu’il n’y serait pas contraint.

Aujourd’hui cet homme pourrait cultiver une haine viscérale du système scolaire,

Aujourd’hui cet homme pourrait déclarer que si un enseignant venait à frapper son enfant, il irait lui faire la même chose pour qu’il comprenne ce que cela fait !

Le cercle de la violence est amorcé.

Il faudra comprendre que la menace ne fonctionne que si le rapport de force est effectif ; qu’en l’occurence l’enseignant peut avoir peur des menaces du père mais que l’enfant n’est plus protégé en l’absence de celui-ci, en classe, d’une autre forme de violence.

Il faudra reconnaitre qu’il est possible et peut-être plus pertinent de faire autrement.

Pour s’extraire du cercle de la violence on a besoin de reconnaitre notre souffrance, de voir toute l’énergie que l’on dépense quotidiennement à contenir ses émotions refoulées.

Et finalement voir la situation sous un nouvel angle : envisager que tous les enseignants ne sont pas « comme ça » et qu’il est peut-être possible de faire confiance ….

Un long chemin à parcourir en perspective !

Je salue le courage de son témoignage, parce qu’il n’est jamais facile d’évoquer une souffrance, parce qu’il n’est jamais facile de parler de honte.

Évoquer cela est un cadeau fait à ceux qui ont vécu des choses similaires.

Il est souvent plus confortable de ne pas savoir, de ne pas vouloir savoir.

Pouvoir en parler est le premier pas vers un changement pour soi, pour ses enfants et pour les autres.

Le courage et la force est d’aller a la rencontre de nos émotions, même les plus douloureuses.

Alors : « Merci Monsieur »s

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