Peur de l'enfant-roi ou anti VEO : une question d'autorité !

Eduquer son enfant aujourd’hui cela devient un vrai casse-tête ! Chez vous c’est plutôt anti VEO (Violences éducatives ordinaires) ou peur de l’enfant-roi ? Je ne doit pas crier, ni punir et en même temps je ne veux pas d’un enfant qui me mène par le bout du nez … pas si simple ! Trêve de plaisanterie faisons preuve d’un peu d’autorité, il faut bien les éduquer ces enfants ! 

L’autorité justement c’est le sujet d’aujourd’hui : De quelle autorité parle-t-on dans ce concept d’enfant-roi ? Qu’est-ce que l’autorité ? Sur quoi se fonde-t-elle ? Quel type d’autorité retrouve-t-on dans la relation parentale ? 

Autant de questions, autant de pistes, et peut-être y trouverez-vous des réponses qui vous guideront dans votre relation avec votre enfant.

Mon enfant sera un roi ! -Transcription du podcast -

Mon enfant sera un roi

Je sais ce sont les vacances mais pour ne pas perdre la main, je vous propose une petite réflexion philosophique. Le thème du jour : l’enfant- roi.

Qu’est-ce qu’un enfant roi ?

Un enfant qui impose ses quatre volontés ? A qui ? A ses parents ?

Un enfant qui n’est pas à sa place ? Qui ne sait pas garder sa place, mais quelle place ? Sa place d’enfant sans doute, quelles est la place d’un enfant ?

Un enfant qui se comporte comme un adulte ? Un enfant qui ne se soumet pas à l’autorité ? Quelle autorité ? Celle de ses parents ou l’autorité en général ?

Et un roi, qu’est-ce que c’est ?

Le représentant de l’autorité justement ! Le détenteur des lois, le représentant des valeurs, le gardien des croyances ?

Ah non, là ce serait plutôt un tyran qui exerce une domination totale, qui a un pouvoir suprême, qui impose ses volontés sans écouter l’autre, qui fait passer ses besoins et ses envies avant tout autre chose, qui agirait forcément au détriment de son prochain, sans une once d’empathie, et qui mènerait le monde par le bout du nez. 

Évidemment, vu comme ça, ça ne donne pas envie. Avoir un enfant roi ce n’est le rêve de personne. Moi non plus je ne veux pas d’un enfant roi comme celui-là, d’un adulte roi non plus d’ailleurs !

Et si nous nous penchions deux minutes sur la représentation de l’autorité véhiculée par ce concept d’enfant-roi ?

Qu’est-ce que l’autorité ?

Est-ce prendre le pouvoir sur l’autre ? Obliger, contraindre, persuader et empêcher l’autre de réfléchir, d’avoir son libre-arbitre ?

L’autorité peut-elle être autre chose ? Quelque chose qui ne serait pas de l’ordre des rapports de force et de la prise de pouvoir sur l’autre ?

Bon, en fait la définition officielle de l’autorité c’est : pouvoir agir sur l’autre…

Alors puis-je agir sur mon enfant de manière à ce qu’il ait un comportement adapté à mes attentes ?

Oui sans aucun doute mais comment ? En le menaçant, en le punissant, en lui faisant peur, en lui faisant bien comprendre que chacun a sa place et qu’en l’occurence la sienne est d’obéir à l’adulte, c’est à dire MOI ! ./

Tout cela on l’a déjà vu précédemment, ça fonctionne très bien … à court terme avec un cortège de conséquences pas toujours très bénéfiques ni pour l’un, ni pour l’autre encore moins pour la relation. 

Mais dans ce cas précis peut être qu’au delà de POUVOIR agir sur mon enfant, j’en suis rendu à PRENDRE le pouvoir sur lui …. ce qui n’est pas tout à fait la même chose !

Alors, reposons-nous la question … Puis-je agir sur mon enfant de manière à ce qu’il ait un comportement adapté à mes attentes SANS nécessairement rentrer dans des rapports de force ?

Peut-on avoir de l’autorité sans prendre le pouvoir ?

Mais c’est presque un vrai sujet de philo que nous abordons-là ! Je vais penser à le proposer comme sujet de bac pour l’année prochaine …

Petit focus sur les différents types d’autorité :

Est-ce notre statut d’adulte, notre fonction de parent qui nous confère notre autorité ?… L’enfant doit-il suivre l’adulte parce qu’il est adulte ?

Est-ce parce que nous sommes le parent que l’enfant doit nous obéir ?

Imaginez à l’adolescence, cette autorité là est directement remise en cause : « Je n’ai plus besoin de toi, de toute façon tu ne comprends rien, tu es trop vieux, je ne veux plus que tu t’occupe de moi, je sais me débrouiller tout seul » … Et là vous pouvez dire ce que vous voulez c’est précisément votre statut d’adulte, votre fonction de parent qui est remise en cause par votre ado …. Le charme de la contre-dépendance, votre petit ange avance sur le cycle de l’autonomie …  Que du bonheur ! 

Notre autorité de parent nous vient-elle de notre savoir et de nos compétences ?

Notre enfant nous obéira-t-il s’il sait que nous savons des choses qu’il ignore ?

Notre enfant nous suivra-t-il parce qu’il voit que nous savons faire des choses dont il n’est pas encore capable ?

Notre autorité de parent est-elle reconnue parce que nous incarnons ce que l’on promeut ?

C’est un peu comme la « blouse blanche », vous suivez les indications de votre médecin, parce que son diplôme est accroché au mur, parce que ce qu’il vous dit vous parait cohérent, parce qu’il étudié dans une fac reconnue, parce qu’il a bonne réputation ou parce que vous avez confiance en lui ?

On peut retrouver trois style d’autorité dans la parentalité :

  • l’autorité autocratique
  • l’autorité permissive
  • l’autorité démocratique

L’autorité autocratique c’est l’exercice du pouvoir seul. Elle propose essentiellement des contraintes : « Fais-ci, fais pas ça, il faut, tu dois … ./» . Elle se justifie par elle-même : « Tu doit obéir parce c’est comme ça ! Tu es l’enfant, je suis l’adulte, il n’y pas à discuter ! Tu décideras quand tu seras grand »

Là, effectivement, il est probable qu’une fois devenu grand, il décidera, tout seul, sans en discuter avec personne…

L’autorité permissive propose essentiellement des ressources : « Tu comprends mon chéri, il est l’heure d’aller se coucher, allez vas-y s’il te plait, tu as école demain … s’il te plait… maman a dit s’il te plait … » et bien là, justement il semblerait que cela ne lui plaise pas d’aller se coucher … Alors comment fait-on ?

Oserait-on allez dans la frustration et la contrainte ? 

L’autorité démocratique c’est la voie du milieu : un savant équilibre entre ressources et contraintes, précisément posé en lien avec les besoins et les capacités de développement de l’enfant. Des ressources adaptées à l’enfant, des contraintes pour répondre à ses besoins.

Notre autorité se fonde :

  • Sur notre fonction lorsque nous sommes juge, président ou roi !
  • Sur notre statut lorsque nous sommes professeur, élu ou médecin quelque soit l’individu derrière la blouse blanche le fait de porter cette blouse nous confère une autorité.
  • Notre autorité peut s’ancrer sur la reconnaissance de nos connaissances et de nos compétences : « lui il sait ce que j’ignore donc je l’écoute ».

Et, il y a aussi l’idée de faire autorité, là  on s’approche du charisme. Une autorité naturelle qui fait que j’incarne ce que je dis  et donc mon prochain me suit naturellement parce qu’il fait le choix d’adhérer à mes représentations, à ma morale, à mes valeurs.

Alors ? Lorsque je parle d’autorité dans la relation parentale, je parle de quelle autorité ?

Lorsque je dis que la voisine n’a aucune autorité sur ses enfants, quelle type d’autorité lui manque ?

Lorsque je dis que mon conjoint est trop autoritaire, à quelle autorité fais-je allusion ?

Avoir de l’autorité est-ce réussir à faire obéir mon enfant là toute de suite maintenant ?

À modifier son comportement à plus ou moins long terme ?

À réussir à lui transmettre les valeurs qui me tienne à coeur ? Et là c’est pour la vie…

Je vous avais prévenu c’est un sujet de philo et comme dans tout sujet de philo c’est un peu oui, un peu non, un peu peut-être … Il n’y a pas de réponse toute faite, on est obligé de réfléchir !

Ce qui me questionne dans cette histoire d’enfant roi, c’est de n’envisager l’autorité que sous l’angle de la prise de pouvoir sur l’autre …

Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, dans notre société actuelle, lorsque nous parlons d’autorité dans l’éducation, il n’est question que d’obéissance et de soumission ?

Il est possible de modifier le comportement de mon enfant, de l’amener à faire ce que j’attend de lui, dans le respect de ses besoins et des nécessités de son développement, de lui transmettre mes valeurs parentales sans entrer dans des rapports de force qui pourraient faire croire qu’on ne peut éduquer que par la peur ou la contrainte.

Allez j’ose ! Je vous emmène dans le monde des bisounours …. Oui je sais la référence date un peu !

Mon enfant est un roi … enfin il se rêve roi, astronaute, artiste, ou pompier …

Et bien non, je ne l’empêcherai pas de rêver sous prétexte de lui inculquer le principe de réalité, sous prétexte qu’il doit comprendre dès maintenant que la vie n’est pas toute rose et qu’il faut en baver pour réussir ! …

Et bien non, je lui permettrai au contraire de se laisser porter par ses rêves parce que c’est justement là qu’il trouvera la motivation à l’effort, c’est justement là qu’il trouvera la force de se relever s’il échoue, qu’il trouvera l’énergie pour dépasser sa frustration quand ce sera difficile !

Il ne fera pas les choses par peur ou pour me faire plaisir, il les fera porté par sa propre motivation … Qui soyons réaliste et humble est beaucoup plus forte que n’importe quelle injonction parentale !

Et je m’attacherai à lui transmettre mes valeurs de bienveillance, d’humanité, de respect de l’autre, de respect de soi en étant au plus proche de ce que promeus.

Mon enfant sera le roi, le détenteur des lois, le représentant des valeurs, le gardien des croyances de ce monde-là … Un monde où il est possible de croire en ses rêves, d’avoir le plein potentiel de sa créativité, d’être pleinement confiant en ses compétences, d’être ancré à l’intérieur de soi-même pour savoir se situer dans la relation, dans le respect de l’autre. 

Alors oui mon enfant sera le roi ! Et je pourrais lui passer le relai en toute confiance, je n’aurais aucune crainte à en avoir puisque précisément son autorité ne sera pas basée sur la prise de pouvoir sur les autres mais sur le respect de chacun.

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