Bébé ne dort pas !

Bébé ne dort pas !

Voilà peut-être le problème le plus sensible de la première année de vie de bébé.

Eh bien non ! Je ne vais pas vous offrir la liste miracle des dix techniques incontournables pour faire dormir bébé à coup sûr…

D’une part parce que ce serait vous mentir, je ne crois pas aux solutions miracles et d’autres part parce que je pense sincèrement que le problème est beaucoup plus compliqué que cela !

Alors, bébé ne dort pas ! Quelles en sont les conséquences ?

Eh bien maman ne dors pas et en général, papa non plus.

Et c’est peut-être là le principal problème.

Car comme maman ne dort pas, elle est fatiguée, elle est irritable, elle s’épuise, elle n’a pas l’énergie pour faire ce qu’elle a à faire, elle ne sent pas à la hauteur, elle est stressé pour peu qu’elle dusse reprendre le travail, c’est encore pire. Et tout cela alimente sa petite voix de « je n’y arrive pas, j’y arriverai jamais  » et fait grossir son impression d’incompétence maternelle.

Et voilà nous y sommes ! Réussir à être une bonne maman et l’histoire de la culpabilité maternelle ….

Et du coté de bébé ?

Quelles conséquences pour moi, bébé ?

Je m’épuise peut-être, encore que …. Pas forcément !

Tout dépend de la raison pour laquelle je ne dors pas.

Alors enfilons notre petite casquette de détective et allons voir ce qui se passe du côté de bébé …

Bébé ne dort pas !

Bébé ne dort pas, c’est-à-dire ?

Il ne fait pas ses nuits où il ne fait pas mes nuits ?

Il a des problèmes d’endormissement ?

Il a des problèmes de réveil nocturne ?

Est-ce lui qui est fatigué ou moi qui suis fatiguée ?

Bébé ne dort pas ! Est-ce normal ?

Vous saviez, vous, qu’à 3 mois seul 26% des bébés font leur nuits ? Qu’à 2 ans seul 75% des enfants font leurs nuits …. Ce qui signifie que 25% à 2 ans ne les font toujours pas !

Faire ses nuits pour vous, c’est dormir 3h d’affilée, 6h ou 9h ?

Si j’avais pu donner mon avis, j’aurais aimé qu’il s’endorme à 21h pour 9h de sommeil et ce dès le début … Cela m’aurais bien permis de récupérer de la grossesse et de l’accouchement ! Mais, vous vous en doutez certainement, ça ne s’est pas tout à fait passé comme cela !

Le sommeil de bébé n’est pas le même que celui de l’adulte, il évolue au fil des mois, il s’adapte aux besoins physiologiques et affectifs de bébé, il dépend de sa maturité neurologique.

Les cycles de sommeil de bébé sont plus courts que celui de l’adulte ….

Mais au fait vous saviez que le sommeil est divisé en cycles et que les microréveils entre chaque cycle sont normaux ?

Que les phases de sommeil de chaque cycle sont différentes de celles de l’adulte et évoluent selon l’âge et la maturité cérébrale de bébé ?

Que le sommeil d’un enfant de 3 mois n’est pas le même que celui d’un enfant de 6 ou 10 mois ?

Que bébé parfois gigote beaucoup en dormant ? Qu’il existe des phases de sommeil actif et des phases de sommeil calme ?

Que bébé a besoin de se réveiller pour se nourrir car ses capacités de réserves physiologiques ne sont pas suffisantes pour une nuit complète ?

Et oui, s’il dormait 8h dès la naissance, il est probable que ses réserves glycémiques seraient dans les chaussettes à son réveil et que cela engendrerait d’autres problèmes ! Et ces capacités de réserve ne sont pas les mêmes pour tous les nouveaux-nés ?

Et la farine pour bébé dans le biberon ne change rien à cela !

Donc oui …  Entre 0 et 3 mois bébé peut se réveiller toutes les 45 à 60 min, et c’est physiologique !

Et non, le lait maternisé ou les farines dans le biberon n’assure pas une nuit tranquille !

Et oui, bébé peut peut faire ses nuits au début puis changer son rythme de sommeil !

Et si nous explorions à présent du coté des besoins affectifs de bébé ?

9 mois dans le ventre de maman, dans un environnement en apesanteur, avec des bruits assourdis, le bruit constant des battements cardiaques et de la respiration …

Et puis tout à coup … Le silence, la pesanteur, la fraicheur, des bruits et des odeurs inconnues … Et vous voudriez que je m’endorme comme ça, en toute sécurité ?

Non, non moi je vais me réveiller régulièrement juste pour m’assurer que ma maman n’est pas trop loin, qu’elle m’entendra si je pleure, qu’elle me prendra si jamais j’ai besoin d’un câlin … Et lorsque j’aurais pris mes repères, je pourrais dormir plus longtemps !

Ah oui, les repères parlons-en ! Si jamais il vous venait l’idée de déménager ma chambre, de changer de maison, de me faire dormir ailleurs, de modifier mon environnement sonore, olfactif, sensoriel … Sachez que cela me prendra un peu de temps pour me réadapter … Et que j’aurais besoin de nouveaux repères pour me sentir en sécurité.

C’est pour cela qu’on n’arrête pas de vous parler des rituels du sommeil !

Un rituel c’est connu, c’est toujours pareil, ça sécurise …

D’accord mais ça ne fait pas tout …

Il y a aussi les événements spéciaux qui peuvent impacter mon sommeil …

Vous dormez bien vous la veille d’un examen ?

Vous dormez bien vous quand vous sentez qu’un de vos proche ne vas pas bien et que vous ne savez pas pourquoi ?

Et les enfants sont des éponges émotionnelles, une expression galvaudée juste pour vous dire que, eux, n’ont pas encore désappris l’empathie et qu’ils sont au contact de nos émotions d’adulte.

Vous dormez bien vous quand vous avez l’impression qu’un truc inconnu voire dangereux va vous tomber sur le coin de la tête ?

Vous dormez bien quand vous avez du mal à digérer ? Quand vous avez mal quelque part ? Quand vous êtes malade ? Quand vous avez mal aux dents ?

Vous voyez bien que ce serait un peu malhonnête de ma part de vous vendre une solution miracle qui réponde à tout cela ! Et vous assurer des nuits complètes pour votre petit bout de choux !

En fait, on n’apprend pas à un enfant à dormir … Le sommeil c’est un besoin vital et tout être vivant sait dormir !

D’ailleurs, à quoi cela sert-il de dormir ?

Et bien on quand on dort on ne se repose pas vraiment !

En fait, la déconnexion de notre cerveau et de notre corps permet au cerveau de classer, d’organiser, d’optimiser toutes les informations récoltées dans la journée.

Cela permet d’évacuer les déchets, de nettoyer le cerveau ou encore de grandir.

C’est pendant les phases de sommeil que sont sécrétées les hormones de croissance, que le corps se répare et que l’on reconstitue les stocks énergétiques.

Vous voyez bien que c’est naturel et physiologique !

Cependant, chacun a des besoins différents. Et si on ne peut pas dormir à la hauteur de ses besoins, c’est qu’il se passe quelque chose qu’il est nécessaire d’aller explorer.

On n’apprend pas à un enfant à dormir, on apprend à accompagner le sommeil de son enfant en fonction de ses besoins à lui.

Bon, c’est bien joli tout ça, mais maman ne dort toujours pas !

Alors quels sont les impacts pour maman ?

Alors c’est sûr que si maman est une petite dormeuse, qu’elle est en congé parental pour un an, rémunéré, papa aussi, qu’il peut prendre le relai pour tous les trucs de la maison, que maman n’a que moi à s’occuper … Même si elle doit changer ses habitudes de sommeil et qu’au final elle dort moins, cela sera moins difficile pour elle …

Effectivement si elle a la perspective de reprendre le travail dans 2 mois 1/2, que papa est déjà reparti au boulot ou absent, que personne ne vient la soutenir pour le quotidien, qu’elle doit gérer mes frères et soeurs en bas âge et quelle a besoin de 9h de sommeil pour être opérationnelle … Cela complique un peu les choses !

Ce que l’on n’anticipe pas toujours avec l’arrivée d’un enfant, ce sont les changements :

• les changements sur le plan personnel, avec la modification de nos priorités…
• sur le plan du travail, avec la modifications de nos disponibilités …
• sur le plan des loisirs, avec la diminution de notre temps de ressourcement personnel
• sur le plan familial, avec les modifications de nos relations dans le couple…

Avant, il y avait toi et moi ou bien toi ou moi, nous avions encore la possibilité de faire avec ou sans l’autre.

Maintenant, il y a toi, il y a moi, et il y a bébé et lui n’a pas la possibilité d’être autonome, alors c’est forcément : toi, moi avec lui !

• Et il y a aussi les changements sur nos possibilités d’organisation au quotidien, avec la gestion des imprévus …

C’est un peu comme l’ascension du Kilimandjaro, on a beau savoir que c’est haut, que c’est difficile, que ce n’est pas technique et que donc on peut le faire … Tant qu’on est pas rendu au bout de sa vie, à la limite de ses capacités physiques, face à cette décision cruciale de continuer ou d’abandonner, on n’a pas conscience de ce que c’est, pour nous, précisément ; de ce que cela nous demande comme effort à nous précisément ; de quelles sont nos ressources d’adaptation, les nôtres, précisément !

Sauf que le Kili on peut toujours faire demi-tour, bébé on ne peut pas l’abandonner !

Et ce n’est pas la même chose de partir en se disant que le Kili c’est facile et ça peut se faire en 3 jours, sans assistance technique … Ou de savoir que même si certains l’ont peut-être fait comme ça, la réalité demande un peu plus de temps, un peu plus d’adaptation, et que ce n’est pas toujours aussi facile que cela.

Donc, une petite mise au point :

Oui, la dette de sommeil est un facteur de stress majeur.

Et oui, c’est une réalité sur la première année de vie de bébé. 

Et au risque de vous partager des lieux communs, chaque expérience est unique et chacun a des besoins spécifiques : chaque bébé est unique, chaque maman est unique…

Alors peut-être qu’au-delà de connaitre les trucs et astuces pour faire dormir bébé, qui ont sans aucun doute leur utilité dans certains cas et à certains moment ….  Nous avons besoin de savoir comment surfer sur tous les changements inhérents à l’arrivée de bébé pour pouvoir appréhender cette première année de vie de bébé sereinement !