Être maman : pro et coupable !

Devenir maman ou redevenir maman, c’est toute une aventure ! Et malgré tout ce que l’on connait, toute notre expérience, toutes nos compétences, les doutes et les peurs ne sont jamais très loin … Allez encore un petit pas et nous voilà arrivés dans le monde de la culpabilité parentale !

Ma maman est une pro ! - Transcription du podcast

Ma maman est une pro.

Vous est-il déjà arrivé de ne vraiment pas savoir quoi faire avec votre enfant ?

Vous est-il déjà arrivé de vous dire que vous aviez tout essayé, mis en place tout ce que vous connaissiez, que aviez suivi tous les bons conseils qu’on vous avait donné, que malgré tout ce que vous aviez appris dans ces centaines de livres que avez lus ….  Et bien pour vous ça ne marche pas !

Et donc d’en conclure que le problème, c’est peut-être vous ?

Vous est-il déjà arrivé de vous dire qu’en fait la parentalité positive, bienveillante, ludique, etc., ce n’était pas pour vous, que vous n’en êtes pas capable ?

Et d’arriver tout doucement à cette conclusion : je ne suis pas à la hauteur,  je suis une mauvaise mère !

Oui ?

Aujourd’hui nous allons parler du sentiment probablement le plus partagé chez les parents : la culpabilité.

Une petite histoire pour commencer :

Ma maman est une pro !

Elle est puéricultrice. Elle travaille 12 heures par jour auprès de mamans qui viennent d’accoucher prématurément ou bien dont le bébé né à terme a besoin d’être hospitalisé quelques jours.

Ma maman est une pro ! Elle connaît tout sur l’enfant et son développement, depuis avant même sa naissance jusqu’à son adolescence. Elle connaît plein de trucs pour faire téter les bébés qui n’y arrivent pas, elle a donné des centaines de bains à des petits bouts de chou de rien du tout, elle sait quand ils ont faim, quand ils sont fatigués ou quand ils veulent un câlin. Elle sait les soigner aussi bien sûr en faisant très attention à ne pas leur faire mal !

Elle sait accompagner les mamans aussi, celles qui ont peur pour elle-même ou bien pour leur bébé né un peu trop tôt, celles qui doutent de leurs compétences de maman face à ce petit bout de chou minuscule. Elle sait quoi dire aux papas pour qu’il trouvent leur place dans tout ce bazar. Et les mamans, elles sont trop contentes de l’avoir à leurs côtés pour faire leurs premiers pas dans leur toute nouvelle vie de maman.

Bref, ma maman est une pro !

Enfin ça, c’était avant … Avant qu’elle ne soit ma maman …. Parce que depuis que je suis là,  j’ai vraiment l’impression que certaines choses ont changé : j’ai l’impression qu’elle n’est plus trop sûre d’elle ! C’est bizarre quand même !

Parce que ma maman, malgré toutes ses compétences, toutes ses connaissances, toute son expérience et bien aujourd’hui, elle a peur, elle doute …

Parce que aujourd’hui, et bien, elle me met au sein et ça ne marche pas comme prévu, aujourd’hui quand je tête elle a mal. Aujourd’hui, je n’arrive pas à prendre le sein. Et aujourd’hui ma maman est fatiguée parce que elle a accouché il n’y a pas très longtemps, elle est fatiguée parce qu’elle n’a pas dormi : elle ne fait plus ses nuits à elle, elle fait les miennes qui sont beaucoup plus courtes vous vous en doutez. Moi 3h c’est le max que je puisse faire !

Ma maman, aujourd’hui, a laissé sa blouse blanche au placard. Et aujourd’hui ma maman n’est plus une professionnelle, elle est ma maman ! Et comme toutes les mamans et bien, parfois, elle n’est plus du tout sûre d’elle-même …. Mais en plus, comme en vrai elle sait plein de trucs, elle culpabilise d’autant plus de ne pas y arriver !

Je crois même que parfois elle a honte d’en être là !

Aujourd’hui elle a dépassé sa honte, elle appelle en pleurs sa copine, sa collègue, parce qu’elle se sent vraiment perdue. Elle a l’impression de ne plus savoir comment faire, ni quoi faire, elle doute d’elle, de ses compétences, de ses capacités de mère. Elle est à bout !

Heureusement sa copine est venue, elle l’a écoutée, l’a rassurée, lui a offert cette sécurité dont elle a besoin pour retrouver ses ressources.

Et après cette rencontre où elle a parlé, elle a pleuré, elle a rigolé et bien j’ai retrouvé ma maman toute sereine. Elle m’a de nouveau pris dans les bras, elle m’a mis au sein et là vous savez quoi, et bien ça marché tout seul ! Elle a été rassurée et moi j’étais zen parce que je la sentais bien … Et nous avons continué notre petit bonhomme de chemin tous les deux.

Et oui, parfois on a besoin d’une petite information, parfois on a besoin de bras pour pleurer, parfois on a besoin d’une écoute pour sortir ce que nous avons sur le cœur, de partager nos doutes, partager nos peurs. Parfois on a juste besoin de décharger toutes ces émotions pour pouvoir repartir plus léger et être en mesure de nous reconnecter à nos ressources.

Vous saviez qu’on avait plusieurs cerveaux ? OK, ce n’est pas une réalité physiologique mais d’un point de vue fonctionnel, ça marche un peu comme ça :

Nous avons notre cortex qui nous permet de réfléchir, de choisir, d’analyser, d’anticiper. C’est en général avec lui que nous travaillons, c’est le cerveau de la professionnelle.

Nous avons notre cerveau limbique, le cerveau des émotions et de la mémoire et c’est lui qui prend le pas quand on se sent débordé, qu’on est fatigué, que nos émotions nous envahissent.

Et puis nous avons le cerveau reptilien celui qui s’occupe de gérer le fonctionnement de notre corps, la respiration, les battements cardiaques, toute la physiologie interne. Ce cerveau reptilien est mis en action quand le stress commence à pointer son nez et lui , il ne sait faire que trois choses : attaquer, fuir ou se figer si les deux premières options ne sont pas envisageables.

Le cortex c’est le chef d’orchestre, il est capable de gérer tout le monde : réguler les émotions, maitriser la respiration …. Sauf quand le stress s’en mêle alors là : oups la connexion entre les étages est momentanément interrompue … Le cortex est déconnecté, plus moyen de réguler, plus moyen de réfléchir, ni d’analyser, ni d’anticiper …. Vous me suivez ?

Alors oui, peut-être que ma maman est une super pro, une super woman capable de gérer les  plus grosses fortunes du monde, une super intello capable d’analyser des choses très complexes, une scientifique hors-pair qui imagine des trucs jamais vu …

Mais devenir mère, c’est un sacré chamboulement : ça change la Vie.

On pourrait croire comme ça qu’il suffit d’aménager l’emploi du temps pour caler les siestes et les biberons de bébé … Mais ça ne suffit pas !

Il y a des remaniements psychologiques, physiologiques, neurologiques chez les deux parents, une restructuration de la famille, une modification des rôles de chacun, un rythme de vie bouleversé, des priorités qui changent pour ce couple qui devient un couple parental, un équilibre à reconstruire pour chaque membre de la famille.

Alors c’est un peu normal de se sentir perdue dans tout ce chamboulement !

Et quand on a toujours eu l’habitude de maitriser, contrôler, anticiper  … Toutes ces nouveautés peuvent un peu nous désarçonner !

Et ce d’autant plus que parfois il nous manque quelques informations pour comprendre ce qu’il est en train de se jouer !

Une pointe de stress, une once de fatigue, quelques paillettes de doutes …. La recette est prête ! Et voilà trois bons conseils contradictoires pour la déco et notre tourte à la culpabilité est prête !

La culpabilité vous connaissez ? Il parait que c’est de la colère dirigée contre soi-même …. Vous savez, par exemple, quand on a tout essayé et qu’on n’y arrive pas, alors que pour la voisine c’est si simple, et que notre grande tante à bien pensé à nous préciser qu’elle, elle en avait eu 8 des enfants et qu’elle s’en était très bien sortie toute seule !

Se sentir complètement perdue, débordée lorsqu’il s’agit de la santé de notre nouveau-né, lorsqu’il s’agit du bien-être de notre bébé, lorsqu’il s’agit de l’éducation et l’avenir de notre enfant … Lorsque l’on traverse une période de changement majeur…

Lorsque le lien affectif et tel qu’on a l’impression de ne plus savoir réfléchir et bien oui c’est peut-être une réalité ! Lorsque les émotions nous envahissent et bien notre cerveau qui analyse se déconnecte et n’est plus opérationnel. Si le stress s’en mêle c’est encore pire !

Et vous faites comment vous pour réfléchir, prendre du recul, analyser et finalement réussir à choisir la meilleure option sans faire appel à votre cortex ?

Et bien non ce n’et pas possible … Lorsque que nos cerveaux limbique et archaïque sont aux commandes on ne réfléchi pas, on réagit ! On va poser des actes ou des paroles en réponse directe aux stimulations de notre environnement sans prendre soin de prendre du recul sur la situation ou d’analyser ce qu’il se joue.

Pour faire appel à notre réflexion, notre cortex a besoin d’être connecté, c’est pourquoi il est nécessaire de prendre soin de notre stress et de nos émotions en particulier. Et les émotions ça ne s’apprend pas dans les livres !

Voilà pourquoi je reste convaincue qu’en matière d’éducation, qu’en matière de parentalité demander de l’aide n’est pas une preuve de faiblesse mais une question  de responsabilité.

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