La théorie de l’attachement conceptualisé par John Bowlby dans les années 50 pose un changement de paradigme dans l’approche de l’enfant et de la parentalité.
Largement inspirée des théories freudiennes plus ou moins bien interprétées, les conseils des professionnels de santé et de la petite enfance préconisaient entre autre de séparer l’enfant de sa mère, en tout cas de ne pas faire durer trop longtemps cet état de fusion qui risquait d’être préjudiciable à l’enfant. C’était d’ailleurs le rôle du père, un tiers séparateur qui permettait à l’enfant de s’émanciper …. Une vision des choses largement remise en question aujourd’hui.
Les « bons conseils » que l’on entendait à l’époque :
Il fallait contrôler les horaires de biberon ou de sein pour que l’enfant s’habitue à des horaires régulier de repas et qu’il ne soit pas tout le temps accroché au sein de sa mère !
Il fallait cadrer les procédures de sommeil pour qu’il apprenne à s’endormir seul et qu’il n’ait pas besoin de quelqu’un pour s’endormir jusqu’à ses 18 ans !
Il fallait le laisser pleurer un peu, beaucoup, un peu plus longtemps de toute façon …. Pour ne pas en faire un enfant capricieux, qui mène son entourage par le bout du nez !
Le faire garder par un tiers, pour ne pas qu’il entretienne une relation fusionnelle pathologique à sa mère !
Etc.
Mais en réalité de quoi parle-t-on ici ?
Il est question de contrôle… de contrôle sur les apports alimentaires, de contrôle sur le sommeil, de contrôle sur le mode d’expression de l’enfant, de contrôle sur les besoins affectifs de l’enfant, de contrôle sur l’enfant, de contrôle de l’enfant.
La plupart du temps on désire contrôler ce qui nous fait peur et/ou ce qu’on ne connait pas.
Mais quel danger pouvait représenter l’enfant pour qu’on veuille le contrôler à ce point ?
Était-ce un être pulsionnel potentiellement mauvais que l’on devait maitriser ?
Ou bien …
Notre niveau de méconnaissance de l’enfant était-il à ce point abyssal ?
Le changement de paradigme :
Inspiré par les travaux de l’éthologue Konrad Lorenz sur l’empreinte, John Bowlby conceptualise la théorie de l’attachement dans les années 40.
Un nouveau regard sur l’enfant :
Il n’est plus question de contrôle mais d’écoute des besoins.
« L’enfant seul n’existe pas » (D.W.Winnicot) et le besoin d’être en lien avec une personne de son entourage capable de prendre soin de lui est donc un besoin vital, une question de survie.
Le bébé a besoin d’un care-giver capable de le nourrir bien sûr, d’assumer son hygiène, de le protéger des dangers, etc. Bref, d’assurer ses besoins primaires.
Mais ça on le savait depuis longtemps me direz-vous !
Effectivement, ce qu’on ne mesurait pas à l’époque c’est en quoi le besoin d’attachement était un besoin vital (Travaux de René Spitz sur l’hospitalisme).
Car effectivement pour un très jeune enfant l’attachement est plus important que la nourriture, car c’est ce lien d’attachement qui assurera sa survie (Travaux de H.Harlow).
Le bébé a besoin pour se développer que l’on prenne soin de ses besoins physiologiques et psychoaffectifs. Il a besoin pour pouvoir survivre d’être en lien.
L’attachement est un besoin vital biologiquement programmé.