Les émotions c'est naturel !

Les émotions, c’est naturel et pourtant on peut parfois désapprendre à les exprimer voire désapprendre à les ressentir…

Chut ! ne fais pas tant de bruit - Transcription du podcast -

« Fais dodo colas mon p’tit frère fait dodo, t’auras du lolo… »
Vous connaissez le deuxième couplet de cette comptine ?
« On fait de la bouillie pour l’enfant qui crie, mais tant qu’il criera il n’en aura pas… 
Fais dodo colas mon petit frère… »
Moi je l’ai découvert assez récemment.

Aujourd’hui j’aimerais vous parler de la négation du ressenti émotionnel de l’enfant.

Vous est-il déjà arrivé d’exploser de colère à l’annonce d’un événement triste? D’avoir une envie irrépressible de rire alors que tout le monde est en larmes autour de vous et que vous voyez bien que votre réaction n’est absolument pas appropriée.

Vous est-il déjà arrivé d’être étonné par les manifestations de joie d’un proche ? De vous dire tiens moi aussi je devrais être heureux dans cette situation et d’avoir cette impression étrange de ne pas ressentir ce que vous devriez ressentir ?

Vous est-il déjà arrivé de ressentir vaguement quelque chose dans votre corps qui tout à coup disparaît pour laisser place à votre ordinateur central… Votre cerveau, il s’emballe, et vous voilà tout à coup à envisager toutes les éventualités possibles et essayer de convaincre l’assemblée en liesse du bien-fondé de votre analyse… On saluera d’ailleurs peut-être votre sang-froid dans cette situation !

Oui ?

Alors imaginez…

Imaginez, ce petit bébé en pleurs qui vient d’être déposé à la crèche et à qui l’on dit : «  Ne t’inquiète pas, maman va revenir, ne pleure pas on va aller jouer avec les autres. »

Imaginez ce grand garçon qui vient de perdre son doudou à qui l’on dit: « Oh, ce n’est pas si grave, on le retrouvera ! »

Imaginez cette petite fille dont la sœur vient de casser le jouet préféré, et on lui dit : « Oh, tu ne vas pas en faire tout un plat ! Tu en as d’autres des jouets ! »

Imaginez cet enfant qui vient de se faire insulter par un copain a qui l’ont répond : « OK ! tu as le droit d’être en colère, mais je ne veux pas t’entendre répondre comme ça, allez viens ! » …. et hop nous passons à autre chose !

Alors que se passe-t-il en réalité ?

En réalité, l’enfant est aux prises avec ses émotions : la colère, la tristesse, la joie, la peur.
Son immaturité cérébrale fait qu’il n’est pas en mesure de gérer cette situation seul.

Alors il a besoin de l’adulte, il a besoin qu’on lui montre comment faire.
Ça tombe bien, l’adulte est là !

Cet enfant a peur, il vient d’arriver dans un nouvel endroit qu’il ne connaît pas encore très bien et moi, adulte, je lui dis de ne pas s’inquiéter, de ne pas avoir peur.

Il est triste d’avoir perdu quelque chose auquel il tenait très fort et moi, adulte, je lui dis que ce n’est pas la peine de pleurer, que ça s’arrangera.
Il est en colère parce qu’on lui a cassé son jouet mais moi, adulte, je lui dit que ce n’est pas si important que cela, qu’il y a des choses bien plus graves dans la vie.

Il est furieux parce qu’il a été blessé alors là oui, il a le droit, je lui donne le droit de ressentir et de ne rien dire.

En réalité, nous adultes, nous posons une injonction, une injonction de silence, indépendamment du ressenti émotionnel de l’enfant, voire contraire à son émotion.

Parce qu’effectivement quand on ne connaît pas ça peut faire peur, effectivement si on nous blesse cela génère de la colère, effectivement quand on perd quelque chose auquel on tient, c’est la tristesse qui nous gagne.
Et les émotions ça ne se contrôle pas, c’est physiologique, elles ont besoin d’être exprimées et tout le monde les ressent… Et en plus, elle nous sont très utiles.

Et oui tout le monde les ressent à moins d’avoir appris à faire autrement !

Alors comment en arrive-t-on là ?

Comment en arrive-t-on à enseigner un enfant qui est naturellement au contact de ses émotions à les faire taire suffisamment pour qu’il ne sache plus les exprimer ?

À force d’entendre que sa réaction n’est pas la bonne, à force de voir que papa ne pleure jamais et que Maman met en place 10 000 stratégies pour ne pas être en colère et bien l’enfant comprends qu’il n’a pas à exprimer ce qu’il ressent, que son émotion n’a pas sa place dans la relation.
Moi, adulte je lui pose une nouvelle injonction : Tu ne dois pas dire ce que tu ressens !
Alors il referme sa petite boîte à émotions et il planque la clé, ça y est c’est fait ! Il est comme tout le monde, il est ce qu’on attend de lui. Et si il est vraiment fort il peut même réussir à faire taire ses sensations et à ne plus ressentir ! Yes !!!

Pourquoi fait-on cela ?

Eh bien peut-être l’a-t-on appris ainsi : « Ah oui ! Vous ne le saviez peut-être pas mais un garçon ça ne pleure pas, un homme encore moins, et une fille ça ne se met pas en colère ! »

Peut-être répondons-nous à une norme sociale : « On ne pleure pas pour un oui ou pour un non quand on est grand, c’est une preuve de maturité ! »

Peut-être que cela me dérange de voir cet enfant sauter de joie : « Moi je disais merci quand je recevais un cadeau, je savais me tenir ! »

Peut-être que je me sens démuni face à cette émotion, alors je préfère faire comme si ça n’existait pas : « Franchement, il me prend la tête avec ses histoires de monstres sous son lit ! »

Il peut y avoir une multitude de pourquoi et c’est par là qu’il est intéressant de pousser l’exploration si nous voulons changer notre façon de faire.

Mais avant cela, la première étape est d’ouvrir les yeux sur les conséquences possibles de ces petites phrases anodines.…

« Chut, ne ris pas si fort ! »
« Tu ne vas quand même pas pleurer comme un bébé t’as six ans ! »
« Mais enfin pourquoi tu as peur, puisque je t’ai dit que les sorcières ça n’existent pas ! »
« Laisse le pleurer ça lui fera les poumons ! »
« OK, OK, t’as le droit de te mettre en colère, par contre les cris, les hurlements et les objets qui volent, c’est hors de question, vu ! »

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