Les punitions, ça marche !

Les punitions, ça marche ! Évidemment ! Lorsqu’un enfant a peur de se faire disputer ou d’être privé de quelquechose auquel il tiens, il va réfléchir à deux fois avant d’agir ! En fait ce n’est pas la punition qui fonctionne, c’est la Peur … Et la peur nous fait-elle réellement réfléchir ? Quelles sont les conséquences à long terme d’une éducation basée sur un système de punition/récompense ?

Punitions et récompenses : quelles conséquences à long terme ? - Transcription du podcast -

C’est l’histoire d’une rencontre, avec Marie Camille, sur une plage de Tahiti, autour d’un cocktail. Imaginez : la plage de sable blanc, le coucher de soleil rougeoyant sous les palmiers, le cocktail de fruits frais, les bateaux sur le lagon, je vous fais rêver ? OK !

Eh bien maintenant c’est l’heure d’aborder un sujet de conversation beaucoup plus sérieux.

En fait, elle vient tout juste d’arriver au Fenua, pour le travail ! Ah si, si c’est vrai ! Elle est formatrice auprès des enseignants de Polynésie et à l’issue d’une journée de travail, elle partage sur sa chaine, une vidéo sur le locus interne et locus externe. https://www.youtube.com/watch?v=pXX6xvboNAg

Elle évoque que, au sein de son groupe, certains de ses stagiaires avaient tendance soit à prendre la responsabilité des choses qui n’allaient pas dans leur milieu professionnel soit à reporter cette responsabilité sur le système, la hiérarchie, les collègues, la classe, etc.

Alors en l’écoutant,  je me suis demandé d’où cela pouvait-t-il bien venir ? En quoi notre éducation pouvait-elle influencer cette capacité à avoir ce qu’on nomme un locus de contrôle interne ou externe ? Autrement dit, peut-on apprendre à prendre ses responsabilités ?

Avez -vous déjà rencontré cet enfant qui lorsqu’une bêtise est faite s’empresse d’accuser le copain, avant même que vous ayez poser la moindre question ?

Avez-vous déjà rencontré cet ado qui même lorsque vous prenez soin de souligner les faits de manière purement objective sans porter la moindre accusation, a déjà laché un « Non mais c’est pas de ma faute… Oui mais tu n’avais qu’à pas … ! » 

Avez-vous déjà rencontré ces personnes qui ont des problèmes et qui s’évertuent à vous expliquer que c’est à cause du système, de leur patron, de la hiérarchie, du voisin, du hasard, du brin d’herbe qui a mal poussé ?  Et vous, en les écoutant vous vous dites que, peut-être, si elles mettaient une ou deux actions en place, cela pourrait changer la donne !

Et vous avez beau leur expliquer votre point de vue, elles continuent à vous assurer que ça ne changera rien et que de toute façon, c’est comme ça et qu’il n’y a rien à faire !

Oui ?

Et sinon, avez-vous déjà rencontré cette personne, qui a chaque fois qu’il lui arrive quelque chose de fâcheux, s’évertue à poser le problème dans tous les sens, à chercher ce qu’elle a fait comme erreur, ce qui lui a manqué, ce qu’elle aurait pu mettre en place pour éviter le problème … Quitte parfois a oublier qu’il y a certaines choses sur lesquelles on ne peut pas agir ?

Oui ?

Et vous?  Comment fonctionnez-vous ?

Et bien cette tendance que certains ont à considérer que les événements qui les affectent, sont le résultat de leurs actions est ce que l’on nomme le locus de décision interne.

Et inversement, avoir tendance à considérer que les événements qui nous affectent sont le fait de facteurs externes sur lesquels nous n’avons que peu d’influence. Comme par exemple la chance, le hasard, les autres, les institutions ou l’État,  correspond au locus de décision externe.

En d’autre terme, lorsque quelquechose m’arrive, soit je pense que c’est du à des facteurs externes et je ne peux pas agir dessus, soit je considère que c’est le résultat de mes propres actions et donc je peux envisager d’essayer une autre façon de faire.

Et il semblerait que les personnes ayant un locus de décision interne soient en moyenne plus heureuses, car elles ont le sentiment de pouvoir agir sur les choses.

Alors, y a-t-il un lien entre le fait que j’ai un locus de décision interne ou externe et mon éducation ? Et si oui, quel est-il ?

Imaginez ces trois petits monstres, qui ont entre trois et cinq ans, et qui découvre au milieu du salon de beaux pots de peinture posés sur la table, pile à la hauteur de leur petit bras ! Pas besoin de réfléchir très longtemps, c’est parti ! Un élan de créativité et voilà le salon repeint de fresques préhistoriques multicolores. Les murs blancs se sont transformés en musée d’art rupestre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Quel bonheur et quelle joie dans cette imagination foisonnante !

Trois et cinq ans, portés par leur élan de créativité, ils n’ont même pas idée que cela puisse poser problème de repeindre les murs de la maison ou le canapé, les chaises, la table, les jouets, les doudous et le tapis ! C’est juste trop chouette et c’est tout !

Moi, l’adulte je découvre la fresque murale ! Et là, bizarrement, le côté créatif de la situation m’échappe complètement !

Je sens la colère monter en moi, peut-être ai-je d’ailleurs envie de les « encastrer » dans leur peinture ces artistes pas plus haut que trois pommes ?

Peut-être qu’au vu de l’âge des accusés, je vais chercher un autre coupable ?

Ah oui, le grand frère, il a utilisé la peinture la semaine dernière et c’est lui qui ne l’a pas rangée, il n’y pas de doute c’est de sa faute ! En plus, il est grand, ça me paraitra peut-être plus juste de me mettre en colère contre lui !

Ah, et belle-maman ? Allez en cherchant un peu … Non, ok, on s’arrête là !

Et oui ! vous ne le savez peut-être pas, mais quand on est en proie à une émotion forte, notre cerveau n’est plus capable de réfléchir, notre cerveau limbique prend le dessus et le cortex est mis hors service.

La colère qui émerge lorsque l’on se sent attaqué ou lésé, la rage qui pointe son nez lorsqu’on se sent impuissant peut facilement se transformer en violence dès que le coupable est identifié.

Il nous faut un coupable !

Alors que va-t-il se passer sous le coup de la colère ou de la rage ?

Il est probable que je veuille reprendre la maitrise de cette situation, qui m’a échappée, que je n’ai pas anticipée ; il est possible que je veuille reprendre le pouvoir sur ce qui se passe, reprendre le contrôle sur ces petits monstres multicolores !

Reprendre le contrôle ? J’explose, je crie, je hurle, je punis … Et là oui, j’aurais l’impression de contrôler !

Et de leur coté comment cela se passe-t-il ?

Et bien, si j’ai 5 ans, que ma maman me crie dessus,  je vais probablement être impressionné, avoir peur, je me sentirais tout petit et vulnérable, cela me mettra sous stress.

Et ce que je garderai en mémoire, c’est la colère explosive de maman, ses yeux qui lançaient des éclairs, ses sourcils froncés, ma peur, la punition qui a suivi et comment je me suis senti nul et incapable.

Et il est probable que j’en oublie même la raison pour laquelle elle s’était mise en colère !

Si mon papa m’accuse d’avoir laissé la peinture en place, il est probable que je trouve cela injuste, donc je vais vouloir rétablir la justice, je vais chercher un autre coupable, le vrai coupable ! Je vais me focaliser sur mon petit frère qui lui a fait la bêtise, je vais avoir envie de me venger, ou en vouloir à mes parents qui m’ont puni. « Ok, la prochaine fois je ne me lasserai pas faire, ou mieux, je ne me ferai pas prendre ! »

Dans tous les cas, à aucun moment je ne serai porté à réfléchir sur ma part de responsabilité dans cette situation. A aucun moment je ne serai porté à prendre la mesure de mes actes et à envisager une réparation éventuelle.

Alors peut-être que si l’histoire se répète, pour cela ou pour autre chose … Peut-être que si à chaque fois que je fais une bêtise, une erreur, que je me trompe ; papa ou maman me punissent ou me crient dessus, sont violents avec moi verbalement ou physiquement … Petit à petit, j’aurais tendance à me focaliser sur l’autre, à chercher un coupable systématiquement par peur que tout me retombe dessus, à accuser avant de comprendre, à chercher à échapper à la punition avant même de réfléchir à ma part de responsabilité dans le problème.

La colère d’un plus grand que moi peut faire peur surtout si elle est dirigée contre moi ; la violence des mots, la violence des gestes terrorise surtout lorsque le rapport de force est de toute évidence inéquitable.

Et sous l’emprise de la peur notre cortex, siège de notre capacité d’analyse et de réflexion ne peut pas être mobilisé.

Et bien non ! Une punition ne nous apprend pas à réfléchir, ni à faire différemment, encore moins à réparer.

Elle induit juste la soumission : « Face à l’autorité, je n’ai pas intérêt de bouger », une mauvaise estime de soi : « Je suis trop nul, et si je suis trop nul, ce n’est même pas la peine d’essayer » ou encore la rébellion : « La prochaine fois, il ne m’aura pas ! ».

Et oui peut-être qu’éduquer un enfant dans un système de punition/récompense non seulement l’empêche de prendre la responsabilité de ses erreurs mais influence également son sentiment de compétence et son rapport au monde de manière plus durable.

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